Si je vous demandais sur une échelle de 1 à 10, votre bonheur se situe à combien?
J’ai l’impression que plusieurs adultes sont à la recherche de l’élément qui fera toute la différence dans leur échelle de bonheur.
Si je pouvais avoir plus de reconnaissance de mon employeur. Si mon chum pouvait enfin plier le linge adéquatement pour éviter que je me fâche. Si mes enfants pouvaient exceller autant que mes voisins en patinage artistique. Si mon enfant pouvait entrer dans une école privée comme son cousin. Si ma collègue pouvait être en retard à la réunion, j’aurais plus de chance d’accéder à la promotion. Si mon employeur me donnait un bonus il semble avoir une belle vie. Si mon syndicat pouvait obtenir plus. Si la société me mettait sur un piédestal parce que je crois être la personne dont personne ne peut se passer. Et si…
Seriez-vous plus heureux?
Pour être honnête, le sujet me vient d’une inquiétude professionnelle. J’observe une génération d’enfants qui se mettent une pression énorme sur les épaules pour performer davantage. Une génération d’enfants qui se donnent peu le droit à l’erreur et qui réagissent intensément lorsque l’échec survient. Des enfants qui ne semblent jamais rassasiés, qui en veulent toujours plus. Je suis inquiète de voir les enfants nous observer dans nos comportements et nos paroles que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans le vivre-avec. Ils semblent en déduire qu’il faut toujours en vouloir plus pour être heureux, en omettant les petits détails qui nous rendent joyeux et fiers.
En 2022, est-ce que notre quête du bonheur se résume à des revendications sans cesse? Souhaitons-nous léguer cette valeur à nos enfants? Nos enfants boivent nos émotions, ce sont de vraies éponges, il y a aura donc forcément des impacts sur nos enfants advenant le cas ou nous gérons mal notre échelle du bonheur.
Il faut réfléchir comme adulte responsable et comme parent si tel est le cas à ce qu’on souhaite envoyer comme message aux enfants qui nous idéalisent. N’oubliez pas que les enfants nous observent constamment car nous sommes leur modèle. Pour être un bon modèle, il faut être heureux pour chaque petite réussite que nous accomplissons sans nécessairement avoir besoin de le crier sur les toits. Et que les réussites arrivent la plupart du temps parce nous avons fait des erreurs au préalable. À mon avis, les réseaux sociaux ne devraient pas servir à mettre de l’avant aux trois minutes nos exploits et recevoir une tonne de «like» et de commentaires. D’abord, l’adulte se compare et ensuite il augmente ses attentes envers lui-même et envers les autres, y compris ses enfants. Entre vous et moi, mettre une tonne de photos parfaites, notre popote de la journée ou des exploits sportifs à un réseau d’amis presque qu’inconnu, nous sert à quoi? Vous en retirés quoi?
Économiser du temps, et plutôt que de défiler vos réseaux sociaux, appréciez ce dont vous êtes fiers à ce moment précis et ne faites que le nommer à vos enfants tout près. Même s’il s’agit d’un simple détail comme ne pas avoir manqué votre recette de muffin!
«Ah Maxime, wow tu t’améliores en mathématique»
Caroline remet son examen à ses parents «Es-tu fière de toi Caroline?» «Oui» «C’est le plus important»
«Maman, Samuel a un vélo de montage et pas moi» «Ah oui, quelle couleur? Tu as un beau vélo aussi, peut-être qu’il pourra te le faire essayer?»
Finalement, essayons de ne pas regarder le verre à moitié vide et tenter de le remplir aussitôt. Nos enfants doivent avoir des modèles d’adultes qui sont fiers, qui se comparent très peu, qui se valorisent et valorisent les autres, bref, qui ne veulent pas en avoir toujours plus que le voisin (voisin étant le voisin, mais aussi un collègue, un terme dans un contrat, un ami, etc…). Faisons une différence pour eux et pour leur niveau de stress. Niveau de stress d’ailleurs fort important chez les enfants et adolescents depuis quelques années.
N’hésitez pas à demander un soutien en cas de besoin, nous sommes là pour vous aider
Christel Leblanc, éducatrice spécialisée